01
février
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Les mathématiques sont exigeantes. S’organiser pour avoir le temps de creuser les sujets difficiles est un défi. Nous avons questionné quatre étudiants de l’INSA sur leurs méthodes de travail et leur rapport aux mathématiques. Troisième interview : Edouard Jost.

 par Stéphanie Robert


Passionné d’aviation et de mécanique, bricoleur et épris de liberté, Edouard Jost, en 5e année de génie mécanique à l’INSA Strasbourg, analyse son rapport aux maths et sciences fondamentales. Il mesure ce qu’elles lui ont apporté et comment il a progressé. Un regard pertinent et lucide.

« Je peux aller partout en Europe avec mon avion privé », voilà un argument de choc pour séduire la gente féminine et se faire des amis ! Edouard ne le fait pas pour ça, mais par passion de l’aviation. Né à la campagne, il affectionne le bricolage, les machines, les moteurs et… voler. Il a obtenu son brevet d’aviation au lycée et l’avion dont il parle est celui de son club associatif. Cette passion va de pair avec celle de la mécanique. S’il voulait devenir pilote de ligne au lycée, il a préféré s’orienter vers la conception et l’ingénierie et donc intégrer l’INSA Strasbourg en génie mécanique.

Un cap à franchir

Comme d’autres étudiants, le passage du lycée à l’INSA Strasbourg a représenté un saut important. Lui qui cartonnait à plus de 16 de moyenne, est descendu nettement en dessous 8 en sciences fondamentales pendant les deux premières années à l’école. « Au lycée, les problèmes étaient déjà résolus, on connaissait la méthode de résolution. Alors qu’en cycle ingénieur, on peut avoir un problème nouveau à résoudre en examen. Mais c’est un peu la réalité de la vie en entreprise, c’est donc important. Il faut véritablement réfléchir en temps limité, avoir bien compris et ne pas se contenter de reproduire » explique-t-il, lucide.

Pour cela, Edouard a lu et relu ses cours, fait et refait ses exercices. Ce n’était pas forcément la bonne méthode, dit-il, alors il s’est efforcé de bien comprendre le cours, « ce qui demande plus de temps et d’efforts ». Il travaille aujourd’hui plus efficacement, même s’il « reste beaucoup de place à l’amélioration » selon lui.

Les maths pour forger l’esprit

Pour Édouard, l’intérêt des maths est double dans une école d’ingénieur : « elles nous apprennent à réfléchir et à résister au stress et à la masse de travail. Ensuite, les maths appliquées (statistiques pour l’ingénieur par exemple) nous servent tous les jours en tant qu’outils. J’y vois deux objectifs distincts : un objectif mental d’une part, et un objectif d’acquisition de compétences métier d’autre part ». Un bénéfice en termes de savoir-être et de savoir-faire, donc.

Les sciences fondamentales sont aussi nécessaires pour comprendre les résultats en sciences appliquées (sciences métier). « L’ingénieur doit être capable d’analyser les résultats, de les valider, de repérer les anomalies, les erreurs ».

S’aérer

Aujourd’hui en cinquième année, il estime en avoir acquis une certaine force. « On ressent une certaine satisfaction, voire une fierté, d’être passé par là, en dépit des moments difficiles. On a appris à se dépasser. » Édouard est un travailleur (il étudie tous les soirs de 19h à minuit, par exemple), mais il voit aujourd’hui combien il est important de s’aérer la tête, pour trouver de nouvelles idées, d’autant plus en 4e et 5e année où les cours et projets sont « plus créatifs ». « L’excès d’obstination n’est pas forcément bon pour la santé. Ça fait partie de l’apprentissage que de le comprendre ».

« Une sensibilité de transfuge »

A son « grand regret », il ne pense pas avoir progressé en maths, mais il est devenu très bon en thermodynamique. A tel point que cette science et la thermique seront le socle de son PFE au second semestre : une étude de la combustion de carburant et des transferts thermiques chez un motoriste. Pour ce passionné de restauration de voitures anciennes, c’est une première étape vers son objectif professionnel : travailler sur l’élaboration de nouveaux carburants pour les moteurs à combustion.

Édouard aime aussi l’histoire, les documentaires, écrire… « Une sensibilité de transfuge » qui explique sans doute sa capacité à exprimer ses idées et ses analyses. Derrière l’ingénieur, on découvre un littéraire pour qui la liberté, l’autonomie et la capacité de faire soi-même sont des valeurs essentielles. Les voitures automatiques et sans conducteurs, très peu pour lui ! « L’humain a sa place, il ne faut pas lui enlever son humanité ».

Propos recueillis par Stéphanie Robert

 

 


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