16
novembre
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Julien Offner, diplômé de la spécialité génie civil à l’INSA Strasbourg en 2021 et sportif de haut niveau (SHN) en water-polo, a terminé sa formation par un projet de fin d'études dans un bureau d'études structure chez HN Ingénierie à Hœnheim (67). Entretien avec Jean Buchler, responsable des sports à l’INSA Strasbourg.

Propos recueillis par Jean Buchler

Bonjour Julien. Comment devient-on gardien de water-polo ?

Bonjour, pour ma part, cela s’est fait très rapidement lors de mes débuts dans ce sport à l’âge de huit ans. Au départ j’alternais entre joueur et gardien, pour certains c’était un peu une contrainte d’aller au but pendant les entraînements, pour moi c’était source de plaisir. En étant jeune, tout le monde préfère être le buteur de l’équipe, cela donne une impression de grandeur.

Personnellement, je voyais les choses d’un autre œil. Je voulais apporter quelque chose de différent à l’équipe et rien de mieux qu’être gardien de but pour cela. La vision du jeu, le rôle, l’importance sont totalement différents de ceux d’un joueur de champ. Par exemple, un arrêt décisif ou impossible peut relancer toute une équipe et changer le cours du match. Encore aujourd’hui c’est cette sensation qui me donne l’envie de jouer.

Comment as-tu réussi à concilier études supérieures et sport de haut niveau ?

Depuis le collège/lycée, période à laquelle j’ai commencé à m’entraîner tous les jours, je me disais que les entraînements tous les soirs faisaient partie de mon emploi du temps. En sortant des cours le soir, je savais que ma journée n’était pas terminée.

Pendant mes études supérieures, j’avais la même mentalité mais il ne suffisait pas de se le dire. Il fallait une bonne organisation et optimiser au maximum mon temps sachant qu’à partir de cette période j’ai commencé à m’entraîner deux fois par jour certains jours. Dans mon sport on a un match à peu près tous les week-ends avec des déplacements en bus/train/avion qui me permettaient de refaire les travaux dirigés (TD) pour me préparer aux partiels.

J’ai également fait le choix de ne jamais avoir d’horaires aménagés durant mes études supérieures pour obtenir mon diplôme le plus rapidement possible et par la suite me consacrer pleinement à mon sport. Ce choix m’a demandé beaucoup de sacrifices et d’abnégation car j’aurais aimé être présent à l’école à 100% et avoir plus de moments de répit. Mais pour y faire face, je vais reparler de la notion d’organisation qui a été pour moi le fil conducteur durant ces trois années. Au final malgré ces contraintes, j’ai réussi à avoir toute ma place dans les groupes de travail tout en m’accordant des instants de convivialité avec mes amis de l’école. Le fait d’avoir eu un cursus normal et de rester dans la même promotion tout au long de ma formation était un réel plus, notamment au niveau relationnel.

Elyn Chazalette

Qu’est-ce qui te motive particulièrement dans le génie civil ?

Mon arrivée à l’INSA Strasbourg en 3ème année dans la spécialité génie civil s’est faite à travers un concours de circonstances favorables. Tout d’abord, ça coïncidait avec la volonté du TEAM Strasbourg (club de water-polo) de me recruter.

Ensuite, durant mes deux premières années de préparation intégrée au sein de l’ENSISA (école d’ingénieurs à Mulhouse – partenaire du Groupe INSA), j’ai commencé à m’intéresser au génie civil.

Avant d’intégrer la spécialité, les grandes constructions réalisées ces dernières années m’intriguaient, je me rendais notamment compte du nombre de corps de métier différents réunis pour réaliser un chantier et surtout l’importance de chacun d’entre eux.

Depuis mes divers stages dans des bureaux d’études structures et notamment le dernier dans l’entreprise HN Ingénierie, le domaine du bâtiment me motive tout particulièrement dans le domaine du génie civil. Toute la partie études en amont du projet est très intéressante d’autant plus que chaque ingénieur peut avoir une vision différente du projet et des choix structuraux à effectuer.

En quoi consistait ton projet de fin d’études (PFE) ?

Mon PFE consistait en l’étude statique et dynamique d’un projet en béton armé constitué de deux tours de 10 et 17 étages, situées au Wacken à Strasbourg (dans le futur quartier d’affaires Archipel 2).

Je devais faire des études de plans architecte permettant de réaliser un prédimensionnement de la structure. Dans le cadre de mon projet de fin d’études, ces plans permettaient également de réaliser une étude du contreventement de la structure. Une autre partie de mon travail consistait à réaliser des modélisations sur le logiciel Arche Ossature et sur le logiciel Advance Design afin d’obtenir la descente de charge statique et de réaliser l’étude dynamique du projet. L’étude sismique du bâtiment permet d’obtenir la descente de charge sismique du projet ainsi que l’analyse modale (pour trouver les effets maximaux d’un séisme sur une structure, les déplacements des bâtiments et donc de vérifier la stabilité de la structure).

Les quatre premiers mois de mon PFE étaient un peu comme un marathon, je devais allier mon projet de fin d’études avec mes entraînements. Fin 2020, dans la recherche de mon PFE mon critère numéro un était de trouver une entreprise qui me permette de concilier mon projet sportif avec mes études pour que je puisse aller à un maximum d’entraînements.

Une fois l’entreprise trouvée, nous sommes tombés d’accord sur les horaires de travail et les horaires d’entrainements. Le Covid-19 et la mise en place du télétravail ont facilité mon organisation. Effectivement, l’entreprise m’a permis d’être 2-3 jours en télétravail par semaine : je pouvais alors m’entraîner le matin et décaler mes horaires de travail à l’après-midi. Les autres jours, j’étais présent au bureau et m’entraînait uniquement le soir. L’entreprise HN Ingénierie était conciliante et m’a permis de réaliser tous mes déplacements sportifs sur cette période (matchs/stages en France et à l’étranger).

Selon toi quelle « valeur ajoutée » un sportif de haut niveau peut-il apporter à une entreprise ?

Les entreprises en général sont contentes d’avoir un SHN dans leur rang. Personnellement, je trouve que cela facilite l’intégration.

Le fait d’être sportif intrigue, fait poser beaucoup de questions surtout lorsqu’on pratique un sport peu médiatisé. Cela aide aussi sur le CV lors du recrutement, c’est un plus au niveau de l’expérience. Cela montre que l’on sait mener différents projets de front. Le fait de pratiquer du sport à haut niveau montre déjà une certaine détermination et organisation.

Je pense qu’avec le sport, nous avons une mentalité différente et une vision différente surtout en pratiquant un sport collectif. L’esprit d’équipe est également un plus pour l’entreprise : ça facilite le travail en équipe.

Comment envisages-tu la suite de ton parcours une fois diplômé ?

Tout d’abord, je pense que l’entreprise dans laquelle j’ai réalisé mon PFE était très satisfaite de mon travail malgré l’emprise de mon sport puisqu’elle m’a proposé un CDD à mi-temps, en télétravail (car j’ai signé à Sète pour devenir premier gardien en 1ère division française). Donc à court terme je me vois allier sport à haut niveau et un travail d’ingénieur sur un rythme d’entraînement le matin et soir et de télétravail l’après-midi.

Bien évidemment, ce n’est pas un travail d’ingénieur à 100% mais au moins cela me permet de garder un pied dans le monde de l’ingénierie tout en me donnant à fond dans mon sport pour la première fois de ma vie . Il est important pour l’après carrière sportive de ne pas avoir de trou dans son CV.

J’espère pouvoir fonctionner ainsi jusqu’aux Jeux olympiques de Paris en 2024 et continuer à progresser pour pourquoi pas y participer, tout est possible.

Un dernier message que tu voudrais transmettre ?

Tous les jours ne sont pas faciles, souvent j’ai envie d’arrêter, de vivre une vie « normale » mais au final c’est ce qui est beau, sortir de l’ordinaire, se donner à fond et ne jamais rien abandonner. Tout ne tombe pas du ciel mais avec de l’envie et de l’organisation on peut arriver à concilier études et sport de haut niveau ou d’autres projets. Il suffit d’y croire et de s’en donner les moyens.

Merci Julien et belle saison à toi du côté de Sète !

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